Black Light Burns jouant en France, c’est un petit évènement en soit puisque c’est la première fois que le groupe met un pied en Europe malgré huit années d’existence et 4 albums au compteur avec le très récent Lotus Island. Ajoutez à ça le fait que je considère The Moment You Realize You’re Going to Fall comme l’un des meilleurs albums de rock de ces 5 dernières années et vous obtenez là le sentiment d’impatience que je me suis frappé pendant plusieurs mois. Une heure à traîner dans Pigalle avec la fine équipe qui m’accompagne, une petite demi-heure d’attente et je pénètre enfin dans « la plus grande des petites salles Parisienne ».
Et c’est un Divan du Monde assez aéré (environs 300 personnes) qui accueille Jayce Lewis et son backing band. Premier constat, le son est vraiment pas terrible. A part les samples mis en avant (ces dernier était très fort en volume et tellement gonflé en basse que je me suis demandé si je n’allais pas faire un début de malaise), on a du mal à comprendre dans les détails ce qui se passe sur scène. Ensuite, la mayonnaise de l’anglais ne prend pas. Déjà que son metal industriel à cheval entre un mauvais Celldweller et un Fear Factory qui aurait perdu le coup de poignet ne brille pas par son originalité, le peu de bonnes idées sont noyées dans une vague de banalités comme j’en ai rarement vu. Des grosses nappes de samples sur des rythmiques saccadées avec un chant clair poussif (assez faux pour être souligné), c’est déjà fait depuis 15 ans. Et surtout, d’autres le font bien mieux. On prend son mal en patience. Fin du show : Les oreilles peuvent enfin se reposer.
Et c’est le plus naturellement possible que les membres de Black Light Burns viennent brancher leurs instruments à côtés de leurs roadies. A l’instar des concerts amateurs dans les petits clubs, je n’avais encore jamais vu ça. Wes Borland et le reste du groupe, souriants, s’apprête enfin à envoyer les watts. Spotlights éteins, let’s start.
Stop a Bullet démarre le bal accompagné du même son brouillon. Malgré tout, le groupe s’éclate et déroule son début de set face à un public conquit mais très peu engagé dans la fosse. Mesopotamia, 4 Walls, I Want You To… Les titres choisis sont assez percutant et sont dans l’ensemble exécutés avec une sacrée énergie. On fait aussi face à un groupe très proche de son public. Wes Borland et le bassiste passe de longues minutes à discuter et rigoler avec la fosse, aussi pour masquer les immenses problèmes techniques et sonores ainsi que l’incompétence totale de l’ingénieur son à bien régler un micro de batterie (et à régler un son tout court)…
Le show continue et Burn The World commence à sonner dans le Divan du Monde. J’avais énormément peur du rendu live de ces chansons très ambiancées du dernier album pour la simple et bonne raison qu’elles sont bourrés d’effets studio et jouées la plupart du temps à plus de deux grattes. Crainte confirmé, ce fut un massacre. En effet, le groupe n’arrive pas à obtenir un retranscrire le moindre tension pourtant omniprésente sur l’album (pour décharger la bande à Wes, le son horrible de la salle y est pour beaucoup…). Sauf que les déconvenues ne s’arrêtent pas ici : Torch From The Sky jouée en acoustique sans vocoder n’a plus aucun intérêt, The Girl In Black passe du statut d’excellent morceau à un vulgaire single FM et le ratage en bonne et due forme sur Cruel Melody, qui du début à la fin n’a pas décollée, me fait vraiment dire que Wes Borland n’a pas choisi les bons arrangements pour rendre ces morceaux intéressants en live… Il faudra attendre Lucretia My Reflection pour le concert décolle enfin. Le duo How To Look Naked et We Light Up électrise complètement l’assemblée pour finir un So Alive qui, bizarrement, étaient l’uns des morceaux les plus maîtrisés du concert.
Première partie foireuse, une petite moitié du concert de Black Light Burns vraiment prenante et un son absolument détestable fera surement entrer avec le temps ce show dans l’uns des moins bons de l’année 2013. Wes Borland viendra passer tout de même une grosse demi-heure avec les fans parisiens tout de suite après avoir lâcher la dernière note de So Alive pour jouer le jeu des séances photos et dédicaces. Une manière de se faire pardonner d’une prestation de piètre qualité?
Credit photo : Alexis Iuri