Garden of love, Reggae-musette le pari réussi de Winston Mcanuff & Fixi

Le reggae, mouvement musical d’origine jamaïcaine caractéristique de par les contre-temps en accords plaqués à la guitare/claviers et son rythme en quatre temps binaire soutenu par la basse/batterie sur les temps faibles. Le style voit le jour à la fin des 60’s sous les influences du mento, de la ska, du jazz ou encore du rhythm and blues et la soul. En clair, un style musical maintenant devenu universel et qui continue encore à subir des évolutions par le métissage pour le bien de ce mouvement si agréable à l’oreille.

Et puis il y a l’accordéon, instrument chauvin, mal-aimé, représentatif de cette bonne image de “Beauf Franchouillard”. Devenu un symbole du stéréotype avec la baguette, le beret et la marinière dans les années 50-60, grâce aux succès de la chanson française à travers Piaf et Aznavour accompagnés de ce fameux instrument qui nous offrait un son typiquement parigot, le son musette. D’ailleurs il est rare de ne pas avoir une scène à Paris, dans un film américain sans avoir un plan ou un fond sonore d’accordéon, mais à part faire apparition dans les clichés et les métros parisiens l’accordéon se fait de plus en plus rare sur la scène musicale, en partie dû à son image controversé.

Bon c’est bien sympa tout ça, mais le rapport, il est où ? Et bien le rapport à un nom, du moins un duo Winston Mcanuff & Fixi et l’EP Garden of Love. L’un d’eux Winston Macanuff aka Electric Dreads, surnom dû à son énergie sur scène, a, du haut de ses 55 ans participé aux heures glorieuses de l’histoire du reggae, il a composé notamment pour Earl Sixteen et Hugh Mundell. Et de l’autre côté nous avons Fixi, grand accordéoniste essayant de casser l’identité péjorative de l’instrument, ce qu’il a fait à merveille avec Java, un groupe de Hiphop/Musette où l’accordéon occupe une place centrale. D’ailleurs les deux compères ont déjà travaillés ensemble, lors de l’élaboration de l’album Rockin’ Paris en 2006 où Winston Mcanuff s’est amusé à chanter accompagné des musiciens de Java ainsi que de M alias Mathieu Chedid à la guitare.

Ainsi n’étant pas rassasiés de la collaboration qu’ils ont pu avoir lors de l’enregistrement de Paris Rockin’, les artistes ce sont donnés rendez-vous pour une nouvelle aventure du doux nom de Garden of Love et plutôt que de faire une suite répétitive, la collaboration gardant les même bases, l’un au chant et l’autre au clavier/accordéon se permettent un mélange de sonorités très intéressant, ainsi le tandem touche à plusieurs styles musicaux passant par le rock-musette, le reggae, la soul, l’afrobeat ou la maloya, mais sans pour autant rester sur les standards de ces genres. Ils créent du coup, une texture musicale qui leur est propre, pour le plus grand plaisir de nos oreilles en demande de découvertes auditives.

Voilà comment la collaboration arrive à nous faire vibrer via la voix abrupte et rugueuse de Winston Mcanuff dans “Wha Dem Say” un blues incantatoire digne d’un soul man exceptionnel. On s’étonnera avec plaisir de la piste entêtante “Let Him Go” composé de mélodies inventives s’inspirant de sonorités cubaines/latines que l’ont ne pourra s’empêcher de fredonner tout au long de la journée, tout comme le morceau “Garden of Love” une très belle introduction pour cet EP de qualité qui avec sa mélodie nous séduit à la première écoute. Et enfin “One Two Three” un morceau type maloya/musette entraînant et dansant avec un rythme cadencé  nous offrant une expérience musicale dans des sonorités proche d’Ayo, le supplément accordéon offert.

On retrouve donc dans cet EP l’énergie et l’impulsivité commune à Rockin’ Paris tout en présentant un côté plus recherché, voire spirituel, où les mélodies dansantes nous ravivent comme elles peuvent nous faire réfléchir. Une ode au métissage des genres, car peu importe les frontières quand on transcende les genres. Il ne nous reste qu’à attendre patiemment l’arrivée de l’album en Septembre, mais en attendant on peut toujours se faire la dent sur l’une des nombres dates de leur tournée, ça vaut le détour et on peut se la jouer devant ces contemporains parce que “l’on écoute de la musique du monde”.

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