La fin de ce mois de juin 2013 est très animée en termes de sorties d’album, de single et d’annonces de projet, comme le prouvent nos derniers articles sur l’EP de Sam Tiba, le nouveau single de Yodelice, de Gesaffelstein, la compilation Sound Pellegrino. Dans la sphère Rap, on parle du 12ième album de Jay-Z qui arrivera d’ici peu, du fait que Waka Flocka va produire l’album rap d’Amanda Bynes (et ça fait rire beaucoup de monde), mais surtout de la sortie d’un album assujetti aux débats de par son anticonformisme et puissance. Aujourd’hui, on va vous parler de Yeezus de Kanye West.
Yeezus: un projet fou… sur le papier.
Depuis 2004, Kanye West nous a bercé avec maintenant 5 albums solos, et une trentaine de mixtapes officiels, qui ont tous eu leur particularité musicale liée à la thématique abordée, mais toujours en mettant un point d’honneur sur la qualité des productions. Il commença avec The College Dropout où il remit au goût du jour la Soul au travers de rythmiques Hip-Hop lègere. 2005 – Late Registration: plus hip-hop que le précédent où Kanye produit plus, avec talent, et sample moins. 2007 – Graduation: sa vague électronique commence, où il produit le populaire « Stronger », tout y incorporant des sonorités classiques dues à son album live Late Orchestration. 2008 – Love Lockdown : Kanye West choque et divise car personne ne l’attendait dans une sorte d’album « Ambiant-R&B », style qui sera repris plus tard par The Weeknd, où l’Auto-Tune sera surexploité. C’est bien quelques années plus tard que la puissance de l’album fut compris. 2010 – My Beautiful Dark Twisted Fantasy: le chef d’oeuvre. Kanye West réussi à mêler toutes ses influences pour produire un album hybride hip pop en samplant inteligament et créant une histoire belle, profonde et intelligente. Suivi par Watch The Throne, son album écrit à 4 mains avec Jay-Z, et Cold Summer, l’album de son label G.O.O.D. Music, tous deux contenant de vrais tubes mais étant vraiment des side-project pour Yeezy. Pour la suite, nous nous sommes tous posés la question de savoir si Kanye allait faire encore plus fort que My Beautiful Dark Twisted Fantasy ou proposer quelque chose tout à fait à l’opposer ? Pour un mégalomane assumé, il a bien évidemment choisi l’opposé.
À chacun de ses projets, Kanye West a une vision précise du message qu’il souhaite transmettre. Avec Yeezus il souhaitait casser les codes, une nouvelle fois, en s’inspirant des nouvelles sonorités de la nouvelle scène électronique/expérimentale/indépendante mondiale. Trois mois de production avec un entourage prestigieux, atypique et éclectique: 88-Keys, Ackee Juice Rockers, Arca (qui a signé quelques titres de Mykki Blanco), Benji B, Carlos Broady, Brodinski, Ben Bronfman, Evian Christ, Eric Danchild, Daft Punk, Mike Dean, Dom Solo, Jack Donoghue, Gesaffelstein, Noah Goldstein, TNGHT, Lupe Fiasco, No ID (son mentor), Che Pope, Rick Rubin, S1, Travis Scott et Sham Joseph. Le résultat: un album extrêmement singulier, pleinement dans l’ego-trip, avec un seul vrai featuring: Dieu. Rien que ça.
Vous aimez la noirceur ?
Qui a dit que Dieux était amour et paix ? Avec Yeezus, Kanye West nous montre une facette de son art très noir, abrupt, limite repoussant. C’est après plusieurs écoute que j’ai réussi à me plonger dans cet album peu accessible. 10 titres où l’on a l’impression que Kanye est dans un trip constant, déblatérant une prose mégalo-mystique anticonformiste et incohérente au travers de productions où l’on a du mal à se représenter des images ou sentiments dès leurs écoutes. Kanye West voulait qu’on juge cet album tel quel, c’est pour cela que nous n’avons pas eu droit à un single ou une pochette posant une imagerie, des codes pour que l’on se repère. Nous sommes donc perdus dans un album disant trop de choses de façon différente.
Il serait légitime de notre part de savoir si Kanye West innoverait-il pas trop ? On salue la volonté d’explorer de nouveaux moyens d’expression, de style musical, ce qui est rare dans le monde du Hip-Hop. Mais faire des morceaux dénués de sens ou de mélodies, à part sur « Blood On The Leaves » (instru copié/collé du « R U Ready » de TNGHT et adapté à la sauce Yeezy), c’est osé. Il sera difficile de trouver un potentiel tube, ou titre référence sortie du cadre Yeezus.
Yeezus: l’ego-trip total.
On parle de Yeezus parce que c’est le dernier album de Kanye West et que ses frasques sont un support de communication. Vous me direz que cet album n’a pas été fait dans l’idée de vendre ou de plaire mais, pour moi, non plus dans l’idée d’être partagé au commun des mortels. On pourra reprocher à cet album ça non-accessibilité car s’adressant à une pseudo élite puisque les 10 titres de cet album sont impassable en radio. Il y a de très bonnes idées mais beaucoup plus de points noirs. Yeezus c’est la ligne directe pour écouter Dieux parler, enfin c’est ce qu’on veut nous vendre implicitement. Avec cet album, Kanye se met une nouvelle fois dos au mur, où des J.Cole ou Mac Miller ayant leurs albums sortant dans la même période (et qui sont bien plus intéressants) sortiront du lots, en se parlant à lui même dans un monologue chiant, limite indecent (ai-je besoin de revenir sur « I’m In It » ?), et non plus aux autres.
Yeezus n’est pas convaincant et laisse un goût d’incompréhension et de déception venant d’un homme auquel on avait l’habitude de recevoir des claques. Cette fois-ci, il nous a ratés.
Retrouvez Yeezus de Kanye West sur:
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Bonus:
Une réflexion sur “Yeezus: Kanye West se prend t-il pour Dieu ?”