Mantra – Into The Light : Sous la lumière

Pour ceux qui sont habitués à lire mes articles, vous aurez certainement remarqué que je suis assez attaché à la scène musicale française indépendante dans son ensemble. Malgré ses immenses défauts (et son public), la France regorge de talent. Du rock avec Deportivo en passant par l’expérimental avec les grands malades de 6:33 sans oublier la scène hip-hop avec Maniacx ou encore Hocus Pocus, nous avons devant nous une scène vivante, innovante et talentueuse. Un peu à l’image du label Klonosphère, par exemple, qui impressionne chaque année par son recrutement et ses sorties d’albums.

mantra-into-the-lightD’ailleurs, Mantra aurait parfaitement pu se retrouver chez eux. Formé en 2009 entre Paris, Rennes et la Creuse, le groupe officie dans un metal progressif aux influences multiples. Into The Light étant leur premier album (sorti chez Finisterian Dead End), une petite fouille sur internet s’impose afin d’en apprendre plus. Et là, ça sent pas bon. Influences citées : Gojira, Pantera, The Doors, Mastodon, Led Zeppelin… Quand on cite de tels groupes, on suscite évidemment une certaine envie. Et l’erreur est encore moins admise. Alors, ratage ?
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Que nenni mon grand ! Mais avant de s’atteler aux compositions, parlons de choses qui fâchent, et la production en premier lieu. Car si le son « roots » marchent très bien dans certains styles musicaux (stoner, black metal…), il n’est pas très approprié quand on s’attaque au metal progressif. Et ça ne pardonne pas comme sur le titre Toward The Light ou le matraquage de tympans est quelque peu gâché par des guitares mollassonnes dans le mix, une basse pas assez claquante et une batterie sonnant comme programmée. Erreur à moitié pardonnée, pour un premier album.
Deuxième point noir de l’album : la voix. Malheureusement, pas tout le monde n’a la chance d’avoir le même timbre que Samuel Bourreau (ancien chanteur d’Hacride) et le mimétisme tenté par Pierre a vraiment du mal à fonctionner. Ce n’est pas l’ensemble de sa panoplie vocale qui est à jeter (les performances en chant clair sont pour la plupart vraiment bien foutues), mais ce growl poussif et caricatural ne tire pas spécialement la musique vers le haut.

Mais voilà, malgré ces défauts de jeunesse, Into The Light est une véritable perle. Car quand je parlais plus haut de metal progressif, je ne faisais pas allusion aux gros branleurs de manches mais bien à une musique sophistiquée mettant en place de véritables petits bijoux d’ambiance en alternant le poutrage d’oreilles et les passages plus calmes. Et c’est dans ces derniers que réside toute la force de Mantra : la fin de Toward The Light, le passage tribal très Tool de Call My Name, l’ouverture de One et j’en passe… Tous ces passages gonflent considérablement le relief de la musique des Rennais pour la hisser largement au-dessus du lot. Quant aux grosses brutes, vous serez parfaitement servi : Mantra vous a réservé de quoi vous briser la nuque tout au long du LP à grand renfort de double pédale et saccades asymétriques.

Mantra est ce petit génie alchimiste des sons ayant été biberonné à la meilleure came du monde. Inspiré et ingénieux sans être pompeux, Into The Light impressionne par sa maturité et son sens aiguisé de la mélodie. Album de l’année ? Non, surement pas, mais assurément l’une des meilleures découvertes de l’année 2013.

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