Bring Me The Horizon – Sempiternal : Le paradoxe du mauvais album

« Les groupes qui font l’unanimité sont inintéressants »

Si cette citation sortie d’un vieux numéro du magasine Noise n’est pas universelle, elle a sa petite part de vérité. Et il n’y a pas meilleur introduction pour le groupe de Sheffield. Bring Me The Horizon, c’est l’enfant terrible de la scène Deathcore/Metalcore. Après un Count Your Blessing qui n’a pas brillé ni par sa qualité et encore moins pour son originalité, le groupe a enchaîné les coups de maître avec Suicide Season ou et There Is A Hell Believe Me I’ve Seen It, There Is A Heaven Let’s Keep It A Secret, réellement novateur dans le son et s’amusant à prendre à contre-pied l’auditeur. Constamment conspué par les puristes avec des arguments plus ou moins recevables, BMTH jouit d’une fan-base assez impressionnante ne cessant de grandir au fur et à mesure des sorties. Fort d’un nouveau membre aux machines, Sempiternal est arrivé en grande pompe début Avril.

Et le changement est brutal : Can You Feel My Heart, titre ouvrant l’album, en est l’exemple parfait. Rythmique rock, côté electro et atmosphérique très largement mis devant… Pour ceux qui s’attendaient à un déferlement type The Comedown, vous pouvez rebrousser chemin car cet album marque définitivement une nouvelle étape dans la créativité du groupe. Si le gap entre Suicide Season et There Is A Hell… n’était pas très marqué, Sempiternal ouvre désormais une autre page pour BMTH. L’apparition du chant clair y contribue énormément, à l’image de And The Snake Start To Sing. A la différence des albums précédents du groupe, celui là ce mérite quelque peu, ne sonnant pas tout de suite comme évident. Les fans de brutalité ne seront pas en reste non plus, Empire (Let Them Sing) et The House of Wolves seront là pour rassurer les anciens.

Mais alors, album parfait non ?

Pas du tout. On en est même très loin. Car si Sempiternal est surement leur meilleur album si on en récupère uniquement les ambiances, il relève des fautes de goûts absolument impardonnables. Et pour comprendre pourquoi, il suffit de regarder qui se cache derrière la production : Terry Date. Ce vétéran de Seattle ayant participé aux meilleurs album de Deftones s’est surtout illustré récemment par son travail sur les derniers album de Linkin Park. Et la ressemblance est frappante. Il suffit de récupérer le refrain de Go To Hell, For Heavens Sake et d’aller voir celui de Linkin Park sur la chanson Bleed It Out pour se rendre compte de l’influence du producteur sur ce nouvel album. Car si ces gimmicks ne fonctionnaient pas très bien sur la musique des Américains, c’est une véritable catastrophe sur Sempiternal. Le final de Empire (Let Them Sing) illustre aussi bien ce gâchis sonore.
Mais accuser Terry Date d’être l’unique responsable du fiasco est un peu léger. Comment peut-on a voir la décence de sortir un titre aussi cliché que Seen It All Before? Pourquoi mettre sur la galette Anti-Vist, titre yorkshire par excellence, alors que sur There Is A Hell Bring Me The Horizon envoyait la patate sur un titre comme Blacklist qui était l’anti-originalité par excellence mais qui avait le mérite de faire bouger la tête ?

On se retrouve donc avec un sacrée paradoxe. BMTH vient de sortir son pire album (à l’instar de Count Your Blessing) tout en contenant en son sein ses meilleurs morceaux jamais écris. Même muselé sur l’autel du conformisme par Terry Date, le groupe arrive à sortir de véritables perles à l’image d’un Hospital for Souls juste dantesque ou encore And The Snakes Start To Sing. Premier faux pas pour le groupe de l’ère Suicide Season. Espérons le dernier.

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