Des fantômes, un hôtel et de l’amour. Et des huîtres. Voilà le projet de l’album de comeback des deux Cibo Matto. Duo au style improbable formé dans les années 90 par les expatriées Japonaises à New York Yuka Honda et Miho Hatori, Cibo Matto nous revient subitement, après n’avoir sorti aucun album depuis 1999 (!). Un album relativement concept tournant autour de ce que j’ai dit au début de ce paragraphe.
Cerner le style de Cibo Matto a toujours été chose ardue. Et c’est encore plus vrai dans cet album-ci, mêlant de manière élégamment foutraque pop, hip-hop et jazz. Avec parfois des éléments d’électro. Quelque peu. Plus ou moins. Je sais pas. Le résultat est un album qui se retrouve en plein hors piste, oui, mais un hors piste pleinement maîtrisé. Car ces demoiselles sont expertes, ayant traîné, au delà de leur groupe, avec les pairs de Gorillaz (Noodle, au début, c’était Miho. C’est elle que l’on entend dans 19-2000. Oui oui oui), John Zorn, Marc Ribot, Bernie Worrell de Funkadelic, Yoshimi P-We (Yuka a sorti un des meilleurs albums de ambient du monde avec elle, nommé Flower With No Color), expérimentant avec à peu près tout ce qui leur passe sous les mains. Et pour un comeback, c’est tout à fait fracassant.
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A entendre MFN, on est assez loin de leur tube-que-tout-le-monde-a-entendu-sans-pour-autant-se-rappeller-du-groupe Sugar Water. On pourrait faire le rapprochement, dans le passage hip hop cradingue, à M.I.A., mais au final, on peut surtout rendre à César ce qui est à Cibo Matto. Et même sans s’emmerder avec qui est inspiré par qui, ce morceau est tellement dynamique avec ses paroles parlant de cette foutue nature, et de ces PUTAINS DE COQUILLES D’HUITRES !
On enchaîne des morceaux d’une douce folie lantente, l’opener Check In ouvre le bal de façon tonitruante. Le morceau titre Hotel Valentine est inquiétant, lancinant, juste ce qui faut, minimal sans être chiant, tout comme Empty Pool et sa rythmique chiptune, ou encore le très beau et éthéré final Check Out. Une grande partie de ce qui fait le charme de cet album et tout connement les performances de cet album. Le jeu de basse est fantastiquement funky, notamment sur le saccadé Emerald Tuesday, les performances vocales de Miho Hatori sont tour à tour lyriques, déjantées et théâtrales, et se révèle être également une assez solide rappeuse à ses heures perdues.
Cet album est délicieux, tout connement. C’est un plaisir de gastronome. Un peu de ci, un peu de ça … les morceaux légers et doux sont toujours aussi élégants, et les morceaux plus relevés font leur plus bel effet. On notera aussi un gain de punch dans certains morceaux rythmés, entre autres dûs au fait que les Cibo Matto ont engagé une batteuse, Yuko Araki, sur Check In, mais aussi et surtout sur mon chouchou 10th Floor Ghost Girl, sorte de déambulation funkpop barrée. Un fabuleux tour de force de la part de Yuka Honda et Miho Hatori. Rafraîchissant. Mon album pop du début d’année. Rien que ça.
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