Les caprices météorologiques étaient une évidence. L’explication était toute trouvée. Neurosis et les Swans allaient fouler les planches des grandes halles du parc de La Villette à Paris avec les copains de Masters Musicians of Bukakke (MMOB) dans le cadre du festival Villette Sonique. Et ça a tellement frappé que je m’en suis toujours pas remis, même plus de trois semaines après.
Black Mass Rising
Non prévu sur l’affiche, Randall Dunn (de MMOB) à décidé d’inviter plusieurs de ses potes pour une intro drone/ambiant. Black Mass Rising est un film psychédélique occulte sur lequel moult groupes sont venus poser leur musique (dont les Master Musicians of Bukkake). Malgré ledit film projeté en fond, la sauce ne prends pas. Long, lent, chiant et sans intérêt, la mayonnaise ne prends pas. Pire, la salle se vide au fur et à mesure que le « morceau » avance. La torture s’arrête, on va pouvoir passer au chose sérieuse.
Master Musicians of Bukkake
C’est en burqa, longs foulards et autres habits de nomades que les Maîtres musiciens font leur entrée. Sur CD, le savant mélange de musique folklorique, drone et psychédélique faisait déjà mouche, en concert, c’est puissance 1000. Une sorte de grande messe où la folie chamanique se couple parfaitement avec le psyché des machines lancées à plein régime. Que ce soit les rythmes qui se répètent inlassablement, le fuzz des guitares qui s’ajoute progressivement ou encore les danses possédées du chanteur, tout ce ballet musical et visuel grand-guignolesque s’enchaîne à la perfection et introduit parfaitement la suite des festivités.
Le concert entier filmé par ArteLive Web ICI
Swans
Michael Gira est un sacré connard. A peine après avoir posé un pied sur la scène qu’il pestait déjà contre l’ingé’ lumière qui ne lui réglait pas les lights à sa parfaite convenance. Puis contre le mec des retours aussi. Puis contre ses musiciens aussi (en fait, Gira en veut à la terre entière). Sauf que ce sacré connard est un putain de génie. Ce genre de génie qui, à la manière d’un Lou Reed ou encore d’un Trent Reznor, s’est forgé un univers si complexe et si dense qu’objectivement parlant, il est presque impossible d’y trouver des défaut. Et la prestation scénique que les Swans nous ont offert ce soir là est de la même trempe. Une douce torture, une plongée profonde dans le monde si spécial de ce chef d’orchestre sous les crissements de guitares les plus abominables. L’apocalypse puis le silence imposé par ces deux accords et la voix si grave de Gira. Silence qui appelle nécessairement l’explosion suivante. Jamais le terme de « Subir » n’aura était si juste pour décrire un concert. On a subi Coward et ses assauts pachydermiques, on a subi The Seer et ses trentes minutes déconstruites au possible et pourtant si cohérentes… On a subi la colère et la fragilité de Michael Gira et il en a foutu plus d’un a genou ce soir là. Hein? Quoi? Faut encore se prendre Neurosis en pleine face? La vache…
Neurosis
C’est face a un public abasourdi par la prestation des Swans que Neurosis démarre sa machine de guerre. C’est My Heart For Delivrance, tiré du dernier album, qui ouvre le bal des ricains, seul moment « joyeux » (toute proportions gardées, on parle de Neurosis les enfants) d’un concert qui en aura marqué plus d’un. La première chose qui frappe, c’est l’effet bulldozer/rouleau compresseur qui s’abat littéralement sur le public. Le son monstrueux et les riffs ultra (PUTAIN DE) lourds écrasent la fosse de leur puissance. Et je ne parle même pas de l’ambiance imposé par les nappes de claviers subtilement placées, la non-discussion avec le public afin de ne jamais faire redescendre la tension… Neurosis est une vrai expérience en live, que se soit pour vivre At The End of The Road, Giving To The Rising, le culte Locust Star (d’ailleurs, pas franchement bien interprété ce soir là…) ou juste pour toucher du doigt l’univers si sombre dépeint par cinq types qui, il y a maintenant plus de 20 ans avec la sortie de Souls at Zero, modèle et façonne à leur guise le monde du Post-Metal. Merci messieurs pour la baffe.
Le concert entier filmé par ArteLive Web ICI