Crédit photo et vidéo : Marie Pottier.
La Presse régionale l’avait annoncé : ce mercredi 26 juin avait lieu à Nice le concert de l’été. Muse n’a pas manqué à l’appel.
A tout juste 19h, les écossais de Biffy Clyro ont lancé efficacement la soirée avec Stingin’ Belle, issu de leur nouvel opus Opposites. Les riffs sont lourds et le chant de Simon Neil intense. The Captain et Biblical suivent parfaitement. That Golden Rule est un vrai succès. Le leader aux cheveux décolorés et à la barbe mal tondue s’énerve sur sa Stratocaster, tandis que les frères Johnston s’en prennent généreusement à leur basse et batterie. Les titres s’enchainent jusqu’à ce que le trio nous remercie chaleureusement et termine son set par un Mountains survitaminé. Une nouvelle fois, Biffy Clyro laisse donc une impression plus que favorable.
Une demi-heure plus tard, ce sont les français de Skip the Use qui montent sur scène. People in the shadow ouvre le bal de manière plus que convenable. Mais plus les titres s’enchainent, plus la lassitude m’envahit. Si une grande partie de la pelouse répond favorablement aux nombreuses sollicitations du chanteur Mat Bastard, en grande forme ce soir, un sentiment de « surjoué » devient pesant. Musicalement, ça ne sonne pas mieux qu’en cd, c’est-à-dire qu’on ne trouve rien de plus que des samples utilisés en surabondance, et des accords simplistes posés sur une structure couplé-refrain-couplé-refrain-pont-refrain. Bref, un set dénué d’intérêt dès lors que l’on espère un minimum de recherche musicale et émotionnelle. Malgré ce, on ne peut pas nier que les lillois ont été très énergiques.
Il est 21h et le soleil est couchant. Les premiers rangs rechargent un peu les batteries jusqu’à que le robot Charles, haut de 5 mètres, vienne saluer la foule. Les techniciens et les caméramen se mettent en poste et le début est proche.
A 21h30, les projecteurs du stade Charles Ehrmann s’éteignent. Raisonne alors le discours anti-crise d’une journaliste. Il s’agit en fait de la première partie du dialogue d’Unsustainable, qui est soudainement coupé par une impressionnante explosion qui se ponctue par une flamme haute d’une quinzaine de mètres. Le groupe s’empare alors de sa scène une nouvelle fois démesurée et lance Supremacy. Le ton est donné : on va morfler ce soir.
Le son est clair, puissant et les écrans géants s’adaptent parfaitement à l’atmosphère du titre d’ouverture de The 2nd Law. Des cheminées culminant à 20 mètres de haut crachent des flammes généreuses. Matthew Bellamy secoue sa tête de gauche à droite, avant de nous exterminer avec ses falsettos. Christopher Wolstenholme, comme à son habitude, remue sa tête de part et d’autre. Le morceau se termine par un enchainement digne de groupes comme Yes et King Crimson. Suivent Supermassive Blackhole et Panic station, sur laquelle on s’amuse à voir François Hollande, Angela Merken et autres se faire ridiculiser par une danse effrénée sur le globe planétaire. Bliss se termine par un solo endiablé de Matthew Bellamy, en forme ce soir. Resistance est jouée dans l’avancée avant qu’un trader surexcité ne vienne jeter des billets à l’effigie du groupe à travers la pelouse et de s’effondrer au bord de l’avancée. Une belle satyre, puisqu’il s’arrache le cœur après avoir jeté son argent. Amusé, l’auditoire voit Chris s’emparer de son harmonica pour lancer l’hymne d’Il était une fois dans l’Ouest, introduisant à merveille le grandiose Knights of Cydonia, sur lequel les écrans-géants diffusent des images de désert et des paroles incitant à la révolte contre ceux qui nous gouvernent. Le tout est ponctué par d’immenses flammes. On a l’impression d’halluciner.
Christopher Wolstenholme rejoint Dominic Howard autour de sa batterie pour jouer en configuration « drum and bass » le célèbre Dracula Mountain de Lightning Bolt. Un piano surgit en plein cœur de la pelouse. Matt Bellamy s’y installe et lance Sunburn. Une nouvelle fois, le leader nous montre qu’il est un multi-instrumentiste hors-pair. Puis, l’incroyable ligne de basse d’Hysteria (ici filmée du premier rang) nous prend en otage. Le bassiste torture sa quatre cordes pendant près de 4 minutes, ce que la foule semble apprécier. Les frontmen font une petite pause avec la reprise de Nina Simone Feeling Good, dans laquelle une diplomate finit par se suicider en s’aspergeant et buvant de l’essence. Follow Me, utilisée dans le film World War Z, Liquid State et Madness viennent ensuite. Puis, les arpèges de House of the Rising Sun raisonnent, introduisant le titre Time is running out, qui conduit la pelouse à sauter sur place, poing levé. Stockolm Syndrome nous achève, conclue par un Freedom (Rage Against the Machine) féroce. Le groupe quitte la scène quelques instants et revient pour un set plus calme qui débute par Unintended, titre issu de leur premier album Showbiz. Blackout, extrait d’absolution, est accompagnée par une acrobate suspendue à un énorme ballon gonflé d’hélium. La bêtise humaine s’est une nouvelle fois manifestée lorsqu’une cinquantaine de « fans » ont tenté de jeter leur « glowstick » (bracelet lumineux) au visage de Matthew Bellamy, semble un peu déçu par cette attitude. Malgré ce, il viendra serrer les mains des personnes situées au premier rang sur le commercial Undisclosed Desires, avant de s’emparer d’une paire de lunettes « Pikachu » que je lui ai tendue (Oui, j’ai pris un happy meal, oui j’avais prévu mon coup). Un moment assez hilarant, montrant que malgré son talent et son statut de « rock star », le multi-instrumentiste n’hésite pas à se ridiculiser. Le groupe part à nouveau et revient avec Unsustainable. Le robot Charles rejoint la scène et crache une épaisse fumée, accompagné par des flammes généreuses et un son surpuissant. Imparable. Plug In Baby fait encore mieux. Matthew Bellamy extermine les 50 000 spectacteurs avec ses riffs assassins, tout en se tortillant dans tous les sens. La claque est encore plus forte sur Survival, l’hymne des JO de Londres 2012 dans laquelle le gringalé de rouge et noir vêtu s’amuse à martyriser sa gratte avec ses soli grandiloquants. Hallucinant.
Le groupe fait un dernier rappel avec Isolated System, Uprising et Starlight.
Après plus de 2h20 de show, Muse quitte définitivement la scène, au plus grand regret de tous.
Plus qu’à un concert, nous avons assisté à un spectacle hors-du-commun. Très orienté politiquement en faveur du combat contre la crise financière, le capitalisme et la destruction de l’environnement, ce concert a su mêler parfaitement pyrotechnie, cinéma, musique et divertissement.
Le seul reproche que l’on peut finalement faire est le manque de communication avec le public, encore que, cette impression d’enchainement est certainement due aux restrictions de temps de jeu imposées.
Muse a démontré qu’il était désormais l’un de ses groupes dont l’on reparlera dans quelques décennies.
Maintenant, reste à se demander ce qu’ils pourront inventer pour mieux faire.
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