Article plus vaste aujourd’hui, je ne vous parlerai pas d’un album précis, mais d’une certaine mouvance, et je vous parlerai de musique française. Nous partirons de deux groupes responsables de deux albums superbes : Lonely Walk et Scorpion Violente. Si je les mets dans un même article, c’est qu’ils représentent, dans deux styles assez différents (Post-punk noir pour Lonely Walk, Electronoise malsain pour Scorpion Violente), une certaine idée de la noirceur Française actuelle, vectrice ma foi d’artistes de qualité.
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Lonely Walk, dans leur album V.I.H.S., sorti sur le label Satanic Royalty, poussent la saleté d’un rock électronique et synthétique à son paroxysme. Boîtes à rythme, nappes de synthé glaciales, tout pour mettre mal à l’aise. Sauf que la composition des morceaux nous met face à un univers musical très obscur en jouant avec des codes relativement accessibles. Comme si l’on voyageait dans la psyché frustrée d’un groupe de pop contraint de faire bonne figure alors que ses membres préfèreraient réaliser des sacrifices paganistes. Une écoute déroutante mais fascinante.
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L’œuvre de Scorpion Violente, jusqu’à The Rapist, sorti l’an dernier sur Teenage Menopause Records, n’a pas cet aspect pop, mais son électro ronronnante se transforme en chair purulente quand elle atteint nos oreilles. Et les titres augurent d’une exploration de la crasse humaine avec une ironie mordante sans être cynique (13 ans, presque 17, Fugue de Pute Mineure sur Überschleiss, sortie de 2010 sur le label AVANT). Le duo émane de ses synthétiseurs au rabais triturés parfois hasardeusement des effluves sensuellement … malsaines et captivantes.
A partir de ces deux albums, on peut tisser une toile envahissante sur la carte de France, passant par beaucoup de recoins (Mais dont les principaux nœuds seraient sur Bordeaux, Metz et Paris/Banlieue) et dont les instances musicales sont tout aussi ancrées dans un style reconnaissable (le garage de J.C. Satàn et Catholic Spray, la cold wave de Jessica 93) que dans des ruminements abstraits qui se font rugissements.
[tube]http://www.youtube.com/watch?v=bbEgFLmp4Kg[/tube]
Et il n’est pas étonnant de voir Nafi, de Scorpion Violente, avoir pour side project, Noir Boy George, vecteur d’étranges communications musicales tout aussi fascinantes et touchantes que parfois ridicules et absurdes dans leur aspect erratique, appuyés par une voix fragile et névrosée déclamant l’horreur et le mépris. Un grand vecteur de fête pour toute la famille.
[tube]http://www.youtube.com/watch?v=hcasgWsJQV0[/tube]
Puis, dans le cas du chanteur de Lonely Walk, Mickaël (ou Guillaume, on ne sait plus vraiment) Apollinaire, d’avoir trente mille autres espaces de réflexion, notamment dans Strasbourg, dont le tube La Chanson Française égaye mes nuits (et dont un maxi est en préparation), ou encore son projet solo Monsieur Crane, mélange entre dance, techno, pop et tout le reste, et surtout théâtre d’élucubrations quasi-chamaniques, parfois drôles, parfois terrifiantes, parfois les deux.
[tube]http://www.youtube.com/watch?v=ddZUbVMn7xI[/tube]
Fouilles dans ton entourage, tu trouveras peut être un projet de musique étrange. La France a peur, titre New Noise, oui, et on adore ça. En tout cas j’adore ça. Demandez toujours à mes camarades caféinomanes. On est jamais à l’abri qu’après avoir écouté Skip The Use pour le fun, on finisse par embrasser la noirceur d’un Lonely Walk, et de la laisser nous enlacer. C’est mal, c’est parfois horrible, mais ça fait du bien. Shine on me. Shine on me. Shine on me. Shine on me.
Bon peut être pas, mais on peut toujours avoir espoir non ?
Non ?
Ah bah merde alors.
(Photo header : Alois Lecerf)
3 réflexions sur “La Qualité Française nous vomit à la tronche.”