Sérieusement, les mecs, j’en ai jamais parlé ici? De Fuck Buttons? Et leur album Slow Focus? Je me perds vraiment, y a des jours. Enfin bon, fait chier, on réitère.
Il y a eu une certaine évolution depuis 2004 dans la musique de Fuck Buttons, duo électro-noise planant au nom fleuri venant de Bristol (comme par hasard). Leur premier album, Street Horrrsing, sorti en 2008, produit par John Cummings, le bassiste du groupe de post-rock Mogwai, arborait une dimension très mélodique, mais une mélodie que tu plongerais dans un océan de bruit électronique jusqu’à ce qu’elle se noie, car cette conasse ne sonnait pas assez bien toute seule. SONNE, BORDEL! Sur l’album suivant, Tarot Sport, les rythmes étaient plus présents, les sons moins agressifs et l’aspect planant bien plus accentué, rendant l’album clairement plus accessible. Mais pas dénué de puissance et d’émerveillement non plus, comme peuvent témoigner Surf Solar ou Space Mountain (Rien à voir avec l’attraction de Disney. T’as pas à attendre trois heures pour 2 minutes de fun)
Mais Slow Focus, sorti le 23 juillet de cette année, ouvre un autre aspect dans le son du duo. Dès le premier morceau, Brainfreeze, on sent qu’ils ont fait un plus grand travail de production dans la rythmique, chose qui était moins présent dans les albums précédents. Mais y a aussi une chose bien plus choquante dans Slow Focus … ça a clairement changé d’ambiance. Les mélodies sont clairement plus sombres, plus agressives, plus étranges aussi. Ça ressemble à une sorte de bande son pour un film de science fiction cyberpunk. Cependant, leur style est toujours aussi planant et grandiloquent, donc si le terrain est neuf, il y a des traces, on est pas complètement paumés non plus. Les gros bourdonnements saturés sont là, les petits bruits électroniques aussi … tout va bien se passer, ne vous inquiétez pas. Ou plutôt si, mais pas pour ça.
Ça se sent d’ailleurs sur les deux derniers morceaux de l’album, d’abord le merveilleux Stalker, qui est un de mes titres favoris, et Hidden XS, qui ont clairement le style Baise Boutons bien imbriqué. C’est d’ailleurs ça, la force de Slow Focus, c’est qu’il permet à Andrew Hung et Benjamin John Power de transporter leur style sur de nouveaux horizons. Comme pour le morceau Year of The Dog, qui se base sur un arpège de synthé assez perturbant et envahissant, qui pose une ambiance assez tordue et puissante, rappelant par moment (bizarrement) certains aspects que M83 exploitait pour la bande originale du film Oblivion. Mais je m’égare, et pas forcément Saint-Charles.
Mon dieu, Jean …
Je déniche un trio dans cet album, à savoir : The Red Wing, Sentients et Prince’s Prize. Ils ont une rythmique très prenante, qu’on pourrait presque assimiler à une rythmique de hip hop à certains moments. Et on se surprend même à secouer un peu la tête, ce qui est presque assez surprenant étant donné que Fuck Buttons distillent généralement plus de grosses ambiances envahissantes et puissantes que des rythmes appuyés. Or là, ils assument totalement leurs rythmiques en les mettant bien en valeur sans pour autant les forcer dans nos gorges et nos canaux ORL. Avouez que ce serait quand même un peu dégueulasse.
Je ne sais pas si Slow Focus est le meilleur opus de Fuck Buttons, mais il montre clairement que le duo en a sous la pédale d’accélérateur, et que ce n’est qu’un début. Continuons le combat vers la puissance sonore au service du bien-être social. Merci, fornicateurs de potentiomètres.