Poil – Brossaklitt : De la joie de vivre pure et simple

S’il m’arrive parfois (souvent (toujours)) de geindre quant à la prétention de certains artistes proggeux, il faut quand même admettre que le boulot pour accoucher de partitions cataloguées « prog » n’est pas une mince affaire. Pour autant, est-il possible de faire des morceaux complexes, élaborés, sans pour autant se confondre en nombreuses péripéties masturbatoires? Grâce à Poil, c’est possible, et ce depuis trois albums maintenant, notamment le très réussi Dins o Cuol et ce Brossaklitt sorti récemment, qui résonne comme une confirmation : la gaudriole de Poil n’a d’égal que son talent à partir en méchante vrille gargantuesque.

brossaklitt_coverPoussant plus loin leur délire, jusqu’à être largement plus malsains et flippants que légitimement drôles, Poil font fi, dans Brossaklitt, de tout bois, matériau sonore et code musical, déployant une artillerie affolante de technicité et d’hystérie. Du tonitruant opener Fionosphère à la Ballade des Gentils Minouchoux, cet album est profondément violent et addictif, regorgeant de trouvailles fantastiques à chaque détour de mesure. Une tambouille maléfique, en somme.

Ca pousse à tout : au vice, à la folie, aux limites du supportable (dans le presque chasse-trappesque Pikiwa et sa boucle infinie de milieu de morceau), mais toujours avec une intensité peu commune. Patachou égrène un groove et le déconstruit comme personne, Goddog fait une petite incardate mélodique presque Pattonesque sur les bords, bref, Brossaklitt est un fantastique bordel qu’il faut épouser, enlacer, jusqu’à ce que tout s’ensuive.

Ou quelque chose comme ça, j’en sais rien.

Mais cet album déboîte des grisons de manière définitive. Allez en écouter un peu par là. Puis éventuellement le procurer par là.

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