On ne présente plus Steven Wilson. Fondateur d’un des plus grand groupe de rock progressif de sa génération (Porcupine Tree pour les incultes), il multiplie les projets de qualités comme la collaboration avec Mickeal Akerfeld sur Storm Corrosion, remasterise des vieux albums, met de temps en temps sa casquette de producteur (pour Anathema et Orphaned Land pour ne citer qu’eux) et trouve le temps d’écrire un troisième album solo entre deux tournées seulement 1 ans et demi après la sortie du chef d’œuvre Grace for Drowning. La boulimie musicale de l’anglais ne s’est jamais transformée en précipitation et ce skeud ne fera pas défaut à cette règle.
The Raven That Refused to Sing marque une nouvelle étape dans la carrière de l’artiste. Alors que Grace for Drowning avait surpris par son côté très 70’s, cet album étonne par son extrémisme : tous les points développés dans le précédent album s’y trouvent ici poussés à leur paroxysme. La flûte et le saxophone de Theo Travis y prennent une place nettement plus importante qu’autrefois, les ambiances n’ont jamais sonnées aussi rétro mais surtout le père Wilson ne peux désormais plus refuser cette étiquette « progressive » qu’il rejette tant : les parties solistes trouvent au sein des morceaux une place centrale (The Holy Drinker) et les influences des groupes majeurs du genre raisonnent de plus en plus dans sa musique. Et c’est peut-être ici que se trouve l’unique point noir de ce Raven That Rufused to Sing : si les influences sur Grace for Drowning étaient parfaitement assimilées et digérées, elles sont ici parfois trop présentes, à l’image de certaines progressions où l’ombre de Camel vient s’y poser ou encore certaines excursions de flûte ou parties de guitares acoustiques (The Watchmaker) qui aurait très bien pu se retrouver sur un album de Jethro Tull.
Malgré tout, Steven Wilson laisse une fois de plus la concurrence loin derrière lui. Luminol (déjà joué en live sur la tournée de Grace for Drowning) impressionne par son groove (quelle idée lumineuse d’avoir recruté Nick Beggs derrière la quatre cordes !), la très jazzy The Holy Drinker explose littéralement à l’oreille, Guthrie Govan fait des miracles sur la ballade très « Akerfeldienne » Drive Home et The Watchmaker (qui va surement prendre au fil des années le statut de chef-d’œuvre) vous transporte dans une autre dimension pour s’échouer sur les quatre accords de piano de la chanson éponyme tout droit sorti de l’espace en terme de puissance émotionnelle.
Avec Alan Parsons au mixage/mastering (producteur entre autres du Dark Side of The Moon des Pink Floyd), Steven Wilson signe un album dans la continuité de ses précédentes œuvres. En deçà de Grace for Drowning à cause d’influences bien trop marquées, The Raven That Refused to Sing est un album qui marque par sa sincérité, son immense talent de composition et sa capacité à faire vibrer la corde sensible. Comme d’habitude.
The Raven That Refused to Sing (and Other Stories)
Label : Kscope
Sortie : 28 Février 2013